Généralités
La guêpe commune et la guêpe germanique sont les guêpes les plus fréquentes dans notre pays. Ces insectes deviennent gênants à partir du mois de juillet. C’est à ce moment que les colonies sont les plus populeuses (parfois plus de 10.000 individus par nid) et que les ouvrières sont les plus actives, en particulier pendant les fortes chaleurs.
Comme les abeilles, les fourmis et les bourdons, les guêpes cartonnières, auxquelles appartiennent la guêpe commune et la guêpe germanique, vivent en société, dans des nids de carton, dénommés "guêpiers", où se trouvent une ou plusieurs reines, les mâles et, souvent, plusieurs centaines d’ouvrières (1,0-1,6 cm de longueur).
Description
On reconnaît facilement ces guêpes à la coloration noire et jaune du corps. Il ne faut pas les confondre avec le Frelon, dont la taille est plus grande (jusqu’à 3-4 cm de longueur chez certaines ouvrières) et dont le thorax et l’abdomen sont colorés en brun rouge (il y a peu de jaune sur l’abdomen). Il ne faut pas non plus les confondre avec les Syrphides qui sont des Diptères ne possédant ni aiguillon ni mandibules, et qui sont inoffensifs.
Les guêpes ont de longues antennes noires, deux paires d’ailes membraneuses et une "taille de guêpe" (rétrécissement de l’abdomen).
Cycle de vie
Après l’accouplement, en août-septembre, les jeunes reines se dispersent et vont hiverner à une certaine distance du guêpier, dans des greniers, sous des tas de bois, dans des arbres creux, sous des pierres, etc. Durant cet hivernage, qui dure environ 6 mois, elles prennent une attitude particulière, certaines pouvant s’attacher grâce à leurs mandibules à un support (par exemple, de l’écorce). Il convient d’être prudent lorsqu’on trouve une reine en état de léthargie car elle peut se réveiller et piquer.
Après l’hivernage, dans le courant du mois d’avril, la reine construit quelques alvéoles et pond un oeuf dans chacune d’elles. Elle récolte de la nourriture et alimente les larves. Lorsque la larve a atteint la limite de son développement, elle s’enferme dans l’alvéole en filant un cocon de soie ; elle s’y transforme en pupe (métamorphose complète) et sort quelques jours plus tard à l’état d’insecte parfait. Dès qu’éclosent les premières ouvrières (ce sont des femelles stériles), l’activité de la reine se limite à la ponte. Les ouvrières chassent des proies et en nourrissent les larves, tout en poursuivant la construction du nid.
D’avril à août, la colonie se compose uniquement d’ouvrières et de la reine. Les mâles et les jeunes reines (ce sont des femelles fertiles) apparaissent durant les mois d’août et de septembre. Il peut y avoir jusqu’à 2.000 jeunes reines produites. Dès les premières gelées, toute la colonie périt sauf les jeunes reines qui quittent le nid pour trouver un lieu d’hivernage.
Biologie
a) Nids
Les nids sont faits de papier de bois. Les guêpes utilisent des fragments de bois qu’elles arrachent, à l’aide de leurs mandibules, à des branches ou à des troncs, et qu’elles mastiquent et humectent de leur salive. La pâte ainsi produite, en se durcissant, devient un matériau gris ou brun jaunâtre, resemblant à du papier.
Les nids peuvent être souterrains et occuper, par exemple, la cavité initialement creusée par une souris et agrandie ensuite par les guêpes. Les guêpiers peuvent aussi être aériens, accrochés à une branche d’arbre, ou dans le trou d’un mur, ou sous l’auvent d’un toit, etc.
Le nid a généralement une forme sphérique ; il est constitué d’un axe central (pédicelle), par lequel il est suspendu, et d’un nombre variable de rayons disposés horizontalement et composés d’une couche unique de cellules hexagonales. L’ensemble des rayons est contenu dans une enveloppe ; c’est à la face inférieure de celle-ci que se trouve l’ouverture du nid (ou trou d’envol).
Les nids souterrains dépassent souvent la taille d’un ballon de football alors que les nids aériens sont généralement plus petits. Sous nos climats, les nids sont annuels et ne sont pas réoccuppés une autre année.
b) Régime alimentaire
Au printemps et en été, les ouvrières sont des prédateurs puissants d’autres insectes comme, par exemple, des moustiques, des mouches, des chenilles, des pucerons et des larves de divers insectes, quelles réduisent en bouillie qu’elles ingurgitent. Les guêpes recherchent aussi la viande de boucherie fraîche. La nourriture à base d’insectes et de viande, riche en protéines, est principalement destinée aux larves.
Dans l’arrière-saison, les soins à apporter au couvain diminuant, le régime alimentaire se modifie et les ouvrières se nourrissent principalement du nectar de fleurs et de la pulpe de fruits mûrs. En fait, les guêpes sont attirées par de nombreuses substances sucrées comme, par exemple, celles contenues dans la miellée et aussi dans le miel, la limonade, la bière, les jus et les sirops de fruits, etc. C’est à cette époque également que l’approvisionnent en nourriture s’effectue à des distances du guêpier de plus en plus grandes.
c) Défense
Les guêpes sont agressives. Elles peuvent devenir très gênantes lorsque le nid se trouve à proximité d’une habitation et, bien entendu, lorsque le nid est installé à l’intérieur même d’une habitation. En fait, des ouvrières, qui tiennent le rôle de gardiennes, quittent le nid et attaquent dès qu’elles perçoivent des vibrations dues, par exemple, à des pas, à des coups, à la mise en marche d’un moteur, etc.
Lors d’une attaque, les ouvrières se dirigent vers tout être vivant, humain ou animal, ou tout objet en mouvement ; elles restent toutefois à proximité du nid, veillant généralement à ne pas s’en éloigner de plus de sept mètres. Il est, dès lors, conseillé de rester immobile ou de reculer sans gestes brusques pendant une attaque. Lorsque le nid est écrasé ou arraché de son support, la défense est massive, la majorité des ouvrières quittant le nid.
Utilité et dégâts
Au printemps et au début de l’été, les guêpes sont très utiles puisqu’elles détruisent de grandes quantités d’insectes nuisibles (chenilles) ou gênants (mouches). De plus, comme elles se nourrissent aussi de nectar, elles participent à la pollinisation.
Par contre, les guêpes s’adressent aux fruits mûrs qu’elles creusent pour en recueillir le jus sucré. Elles raclent aussi l’écorce tendre des jeunes arbres pour obtenir de la sève sucrée et des fibres servant à construire le guêpier. Enfin, en été et en automne, elles pénètrent dans les habitations à la recherche de substances sucrées ou de viande.
Venin
L’aiguillon d’une guêpe est capable de traverser les vêtements. Il ne reste pas dans la plaie (contrairement à celui des abeilles). La piqûre est assez douloureuse mais n’est normalement pas dangereuse. Le venin contient de l’apitoxine et plusieurs protéines allergisantes dont les plus importantes sont l’antigène Ag 5, la phospholipase et la hyalurodinase.
La piqûre occasionne le plus souvent une réaction locale avec un œdème plus ou moins important apparaissant au point d’injection du venin. Certaines personnes peuvent être allergiques et avoir une sensibilité particulière au venin. Les réactions peuvent alors être anaphylactiques, avec des sympômes tels que urticaire ou angioœdème, ou plus graves, de type respiratoire ou cardiovasculaire ; elles peuvent être mortelles dans certains cas.
Chez les sujets non allergiques, on estime que la quantité léthale de venin équivaut à la quantité qui serait injectée simultanément par un nombre de piqûres, par kilo de poids, allant de 15 à 40 chez l’enfant et d’environ 60 chez l’adulte.
Une piqûre de guêpe dans la bouche ou dans la gorge est toujours dangereuse, l’œdème consécutif pouvant provoquer l’asphyxie.
Conseils
-Lorsque des symptômes tels que paleur, nausée ou vertiges apparaissent après une piqûre, il est recommandé de s’allonger afin d’éviter tout traumatisme dû à une chute si une baisse de tension artérielle ou un malaise cardiaque se produisait. Il faut avertir immédiatement un médecin ou appeler une ambulance.
-Il est conseillé de désinfecter la plaie laissée par l’aiguillon car celui-ci est porteur de germes.
-On peut appliquer sur les piqûres des compresses imprégnées de vinaigre froid et, comme les réactions peuvent être retardées, on administrera préventivement un anti-histaminique (ne pas augmenter la dose d’anti-histaminique sans l’avis d’un médecin).
-Les personnes allergiques demanderont conseil à leur médecin qui leur indiquera ce qu’elles doivent faire en cas de piqûre.
Précautions
-Supprimer tout ce qui peut attirer les guêpes comme, par exemple, se débarasser des fruits trop mûrs, fermer les poubelles, jeter les bouteilles de bière, de jus de fruit et de vin vides, recouvrir les détritus avec de la terre, etc.
-Être particulièrement vigilant dans les endroits où se trouvent beaucoup de produits sucrés comme, par exemple, les vergers, les boulangeries, les entrepôts et les magasins de fruits et légumes, etc.
Placer des moustiquaires aux fenêtres et aux portes afin que les guêpes ne pénètrent pas dans l’habitation.
-Ne jamais s’approcher d’un nid de guêpes. Lorsqu’un nid se trouve dans une maison ou à un endroit très fréquenté, il faut le faire enlever par un professionnel (un pompier ou un technicien spécialisé d’une firme de désinsectisation). Éliminer soi-même un nid de guêpes constitue un réel danger.
-Pendant les fortes chaleurs, être très prudent lorsqu’on mange des fruits ou qu’on consomme des boissons sucrées, de la bière ou du vin, dans le jardin ou à l’occasion d’un pique-nique. Vérifier qu’une guêpe ne s’est pas posée sur ce qu’on mange ou ne se trouve pas dans le verre où on boit sont des précautions élémentaires à ne pas négliger. Lorsqu’il y a beaucoup de guêpes dans un jardin, on peut placer un piège à guêpes et on veillera, en tout cas, à ce que les enfants ne mangent ni ne boivent.
-Ne cédez jamais à la panique ! Lorsqu’une guêpe entre dans la voiture, ouvrez la vitre et ne faites pas de mouvements brusques. Plus d’un accident de circulation a été causé par un conducteur complètement affolé par la présence d’une guêpe.
-Abeilles et bourdons, d’autres Hyménoptères
Prenez garde à ne pas les confondre avec les guêpes. Ils sont beaucoup moins agressifs et ne piquent que s’ils se sentent menacés. Pour plus d’informations sur les abeilles, leur différence avec les guêpes, leurs caractéristiques… Voyez la page qui leur est consacrée.
Article écrit par Patrick Grootaert,
Chef du département d’Entomologie,
Institut royal des Sciences naturelles de Belgique
En tant que consultant et expert, le département d’Entomologie assure au public un service d’information et d’identifications d’insectes et autres petites bêtes vivant dans les habitations.
Pour plus de renseignements, contactez le Dr. Patrick Grootaert
rue de Montigny 29 - B 6000 CHARLEROI (Belgium) - + 32 (0)71 300 300 - sante-habitat@espace-environnement.be